Fin 2002, au retour de notre randonnée de 3 jours dont je ferais bientôt un résumé, je consulte la Malle Poste, bulletin de liaison des Amis du Cheval d'Ille et Vilaine, association à laquelle j'adhère. A la recherche d'une destination pour notre prochaine randonnée, je constate que l'Equibreizh est relancé et aura lieu le 13 septembre 2003 à Plouguenast. Je sors ma carte et constate la situation géographique de cette commune.

    Le projet est lancé : avec Iroy, on va marcher pendant une semaine vers Plouguenast, petite commune près de Loudéac, en centre Bretagne. On ne va pas prendre le raccourci qui aurait consisté à tracer la diagonale Dinan / Plouguenast par les terres pour plusieurs raisons : j'ai très envie de longer la côte costarmoricaine, ça prendra plus de temps, et les sentiers sont balisés !!!

   Voici l'histoire de cette aventure extraordinaire : une semaine de randonnée en solitaire avec mon poney...

        12 juillet 2003

Iroy, super entraîné et en pleine forme s'en va avec sa petite Mimi pour plus d'un mois de vacances dans une vaste et verte prairie dans les Côtes d'Armor ; il est là bas chez son ancienne propriétaire au repos complet pendant que je savoure d'agréables vacances de mon côté...

        22 août 2003

C'est un poney transformé en cheval de trait que je récupère... Au programme : régime et boulot !!! Pendant ce temps, je m'occupe aussi de réserver les relais dans lesquels nous ferons étape le soir.

        25 août au 1er septembre

Beaucoup de trottings et de longues balades avec d'autres chevaux permettent à Iroy de retrouver la ligne et le souffle en très peu de temps. 

        Semaine du 1 au 7 septembre

A quelques jours du départ, Iroy est au top physiquement et mentalement ; on calme le jeu. Sorties quotidiennes ne dépassant pas 3H. Tout est fin prêt, il fait beau, j'ai vraiment hâte au départ !

En marron, j'ai tracé notre itinéraire, à peu près !!! 

Les carrés bleus sont nos étapes, la boucle plus fine est la rando de l'Equibreizh, en gros...

        Lundi 8 septembre

40km

    Première journée sous la pluie. Ca tombe pas beaucoup. J'enfile mon poncho et vais chercher Iroy qui a bien brouté toute la nuit au champ. Il est trempé ; je le rentre dans la cabane pour seller et placer les sacoches.

Au passage, on met Mimi au champ et on est parti ; à pied pendant 3km. Iroy a la forme, il marche d'un pas rapide ; habituellement, quand je le sors sous la pluie, il est on ne plus casse pieds. Aujourd'hui, il en veut, peut importe le temps. On prend le petit trot ; tout bouge dans tous les sens ; je descends 3 fois pour tout remettre en ordre. On reste au pas ; il pleut, il y a du vent ; j'ai froid aux mains et le ruissellement de l'eau commence à mouiller mon pantalon... On prend notre premier petit chemin ; au bout de 3 foulées de trot, le boudin se détache. Iroy s'arrête ; je craque, j'en ai marre ! Je rattache tout  en bricolant des noeuds partout à ma façon, ça va mieux. En marchant, Iroy se prend le membre dans les rênes et casse ainsi le hackamore. Cette fois c'en est trop. Je pense quelques secondes à tout abandonner, et je serre fort Iroy dans mes bras en le regardant ; son oeil me dit "aller, on y va". Un gros noeud dans le hack qui tiendra, je l'espère toute la semaine, et nous voilà repartis. On garde le pas pour se calmer un peu. La pluie cesse quelques minutes, ce qui me laisse le temps de tout remettre en place une dernière fois ; j'étends bien le poncho sur tous mes bagages et mes jambes pour éviter que l'écoulement de l'eau ne me retombe sur les mollets.

On profite d'un bon chemin pour reprendre le trot ; Iroy part, très volontaire ; les bagages ne bougent plus, tout va bien. La pluie s'arrête de temps en temps, Iroy ne bronche absolument pas quand je mets et retire le poncho. La première photo de la rando est prise par une dame qui promène son chien sur les bords du Frémur. J'aurai voulu une photo de notre chargement avec mon air d'extra terrestre emballée dans mon poncho... Peut être l'aurons nous mercredi...

On est flous mais c'est la première photo alors...

    C'est presque sous le soleil que l'on arrive dans le baie de Beaussaie ; on va jusqu'à St Jacut.

Quel sentiment de liberté au petit galop dans cette étendue de sable parcourue par des petits ruisseaux dans lesquels Iroy prend plaisir à galoper. 

       

Après ce défoulement et déjà 4H de rando, il commence à caler donc je décide de nous arrêter dès qu'on trouve un endroit sympa. Un banc et de l'herbe haute nous attendent avec une vue magnifique sur la baie ; dommage que le vent et la pluie soient toujours au rendez vous car le paysage est splendide !!! D'ailleurs, deux touristes allemands s'arrêtent pour photographier mon poney...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On voit pas les gouttes mais je vous promets qu'on était trempés...       

 

Une demie heure plus tard, toujours sous la pluie, et avec un poney en pleine forme, je repars pour un petit épisode de goudron dû à un "loupage" de balises. On se retrouve ensuite dans les bois sur des chemins superbes que je n'admire pas à leur juste valeur en raison du stress de l'arrivée.

16H15 : nous voilà au relais. 

Accueil hyper chaleureux, personnes très arrangeantes, gîte très original (je dors au calme dans un box réaménagé !), Iroy confortablement installé avec foin et granulés... repas plus que copieux et bons tuyaux pour la suite ; après une journée de galère comme ça où j'apprendrai que j'ai finalement fait plus de 40km (30 initialement prévus...), ça donne envie de continuer !!! Désolé, je ne peux m'empêcher de détailler le menu du repas du soir qui m'a vraiment bien remonté le moral aujourd'hui : apéro, potage, coquille St Jacques, poulet rôti avec légumes, fromages, gâteau... mmm... Ca c'est une étape que je ne risque pas d'oublier !

Mon box !!!

 

        Mardi 9 septembre

30km

    Pas très bien dormi cette nuit ; il y a beaucoup de vent et la pluie claque sur la bâche de mon box ! Ca fait quand même du bien de se reposer avant un petit déjeuner de luxe au relais...

Iroy m'attend à la porte ; je lui donne ses granulés dès mon réveil, puis on s'en va faire des courses en voiture comme me l'a gentiment proposé la propriétaire des lieux.

A 10H, nous voilà partis pour une journée qui s'annonce de grande qualité. On part sous le soleil ; Iroy est très en forme. 

Depuis ce matin, il hennissait à la porte du champ en attendant le départ. Pendant les premiers kilomètres où je marche à ses côtés, j'arrive à peine à le suivre tellement il marche d'un pas déterminé !

Les sentiers que nous empruntons sont vraiment superbes ; on avance bien et arrive assez vite à la baie de la Fresnay ; encore une gigantesque et magnifique étendue de sable que nous traversons au petit galop.

                     

    

 

 

C'est un peu le hasard pour retrouver la "sortie", et Iroy participe joyeusement à ma petite leçon d'escalade au milieu des rochers. 

Une fois sortis, je demande à des touristes de m'indiquer où nous nous trouvons sur la carte : "youpiiiiii !!", on est pile où il fallait tomber ! 

On retrouve nos petites balises et Iroy profite d'un généreux pommier pendant que je lui explique ce qu'on vient de réussir.

    Petite pause pique nique sur les bords d'un chemin avant d'entamer notre marche vers le cap Fréhel. Il y a beaucoup de vent aujourd'hui.

 

Après la traversée d'un bout de lande violette et jaune, on rejoint la "grande" route, unique chemin autorisé aux chevaux pour atteindre le cap. Beaucoup, beaucoup de touristes qui regardent notre convoi...

Iroy dans le "maquis" breton !!! Tout au fond, le p'tit trait noir c'est le phare de Fréhel...

... que voici !!! Juste une photo et on a déménagé...

A l'arrivée, Iroy est très impressionné... Après la photo souvenir au pied du phare, j'emmène Iroy admirer la belle vue du haut des falaises. Il a l'air heureux, admire le paysage, ce qui me permet de faire quelques photos quand le soleil veut bien pointer le bout de son nez.

 

 

 

 

 

 

 

 

                           

Sur la route du retour, Iroy est très en forme ; on rejoint donc le centre équestre de Fréhel au petit trot le long de la côte magnifique...

 

Eh oui, y'a du vent dans ce pays !!

 

    Mon poney est placé dans un grand champ peu touffu, ce qui m'inquiète car les propriétaires n'ont pas l'intention de le complémenter. Pendant qu'il se repose, je vais faire une balade en attelage avec 2 poneys champions de France de TREC 2000, et comme meneurs, des pros du circuit international. Il fait froid mais ça réchauffe !!! : cercles au galop, demis tours, marche arrière, cabrés, chute des chevaux et de la voiture dans le fossé..., maniabilité au milieu des pierres ; tout y est ! L'attelage, ça décoiffe !!!

A notre retour, j'insiste pour qu'Iroy ait du foin car il maigrit à chaque étape. Il est magnifique mais je ne peux me permettre de partir avec un poney juste bien ; lors d'une rando comme ça, il faudrait qu'il soit chaque soir dans une prairie bien verte, or les centres équestres proposent rarement cela... Donc Iroy est nourri au foin, et je parviens même à lui trouver 1litre de granulés...

    Ensuite, petite soirée sympa dans le club à parler de TREC et de tout. A minuit, douche et dodo dans une vraie chambre !!!

        Mercredi 10 septembre

33km

    On ne se presse pas ce matin. Il paraît que l'étape est très rapide : 2h30 m'a t'on dit.

    On part tranquillement à 9H30. Beaucoup de goudron, puis la pluie assez forte pendant une demie heure... En plus de ça, beaucoup de vent, qui fait que nous devenons assez vite complètement trempés... Iroy comprend bien, il avance.

Puis on arrive à Sable d'Or les Pins, une nouvelle baie que je décide de traverser sans pourtant avoir eu d'instructions précises ; la rando en solitaire, ça rend courageux et téméraire !!! 

Ca ne s'enfonce pas du tout, on trotte, galope, traverse les petites rivières... C'est magnifique et tout va bien sauf qu'Iroy vient de casser l'autre montant du hackamore ! Je ne me résigne toujours pas à monter en licol, un bon noeud et on repart...

 

      Iroy regarde le cap Fréhel, où on était hier...

Les photos ne rendent pas trop mais en réalité c'était un endroit majestueux à la sortie de cette baie, il y avait beaucoup de vent, et donc des gros rouleaux dans les vagues qui venaient s'écraser sur la plage... Et tout au fond, la belle côte et le phare...

A quelques endroits, le sable est plus sec et profond ; 10cm de trous de sabots, ça fatigue Iroy alors je l'encourage beaucoup et le félicite bien à notre sortie de la baie.

Ma préoccupation du moment est de me trouver à manger pour ce midi. On s'arrête à un snack qui, manifestement n'a plus de provisions ; je n'insiste pas vu l'amabilité de la patronne...

On croise des petits nanous sur le chemin...

    Au bout de 3H30 de balade (l'étape devait normalement durer 2H30...), Iroy a une baisse de régime ; heureusement, on trouve une fontaine sur le bord de la route, qui lui permet de s'abreuver largement. Je décide quand même de faire une pause ; on s'arrête dans une praire bien verte pour Iroy. Moi je me contente d'un reste de tarte et de barres de céréales...

Iroy repart en forme mais les chemins de cette après midi ne nous permettent pas d'avancer : que de la caillasse. Si on trotte, Iroy trébuche alors on marche beaucoup et arrive finalement au centre équestre de Pléneuf Val André après 5H de rando...

 Iroy est installé dans un paddock avec vue sur mer et les copains, foin à volonté et 2litres de granulés. 

Il est mieux que la veille même s'il y a énormément de vent. Il a l'air heureux de découvrir une nouvelle maison chaque soir...

Moi je m'en vais pour une demie heure de marche dans le centre de Pléneuf à la recherche de nourriture ; lorsqu'il me voit partir, Iroy hennit et va à la porte en me fixant du regard... Je fais les courses pour toute la fin de l'aventure, ne voulant pas risquer de ne pas manger une nouvelle fois...

    Je suis crevée ce soir ; un peu de musique et ensuite je crois que je vais bien dormir, dans le canapé du club house.

    Plus qu'une soirée avant Plouguenast ; j'ai vraiment hâte. Demain, encore une petite étape de moins de 30km.

        Jeudi 11 septembre

33km

    Finalement, j'ai passé une super nuit dans mon couchage improvisé ; emmitouflée dans mon duvet avec pull et pantalon, je n'ai pas eu trop froid...

Dès mon réveil, je donne un peu de foin à Iroy pour qu'il patiente, et surtout se gave un peu l'estomac sinon il veut tout le temps brouter.

Après un rapide petit déj, je fais nos "valises" et on s'en va. Il fait très gris mais le vent s'est calmé. Au bout d'à peine une demie heure, le vrai crachin breton commence à tomber. Je ne sors pas le poncho car ça ne mouille pas beaucoup ; on l'aura quand même jusqu'à midi et au bout de 3h, l'eau commence à se faire sentir !!!

A part un joli petit bois avec moulin à la sortie de Pléneuf, rien à signaler ; les chemins ne sont pas extraordinaires. Moins de caillasse qu'hier, ce qui nous permet de beaucoup trotter et d'arriver à l'étape à 15H, après un pique nique au milieu des vaches et une traversée d'Yffiniac un peu moins rigolote. Je n'aime pas les villes, encore moins lorsqu'on doit traverser les 4 voies alors je redoutais ce moment depuis le départ. Ca s'est passé convenablement. On a réussi à demander notre route à un hôtel et Iroy s'est fait un copain pendant que j'allais retirer de l'argent à la banque. Iroy devant l'hôtel de ville d'Yffiniac : photo souvenir obligée !! Quand je suis sortie de la banque, il m'a accueillie avec un petit hennissement bien à lui l'air de dire "tu me laisses pas là tout seul" : au cours de la rando, il m'en faisait 10 fois par jour, dès que je descendais et revenais à lui... La ville, ça ne lui plait pas plus que ça ; il ne bronche quand même pas à emprunter les trottoirs, passer devant les vitrines où un pot lui ressemble étrangement (!!), ou jouer au jeu des feux tricolores...

   

 

            

 

 Le pique nique chez les vaches... Et Iroy à Yffiniac !

 

3km de route plus tard, le voilà bien installée au centre équestre dans un paddock où il a vue sur les visiteurs et les autres chevaux ; 2 litres de granulés et du foin. Il était moins allant aujourd'hui ; pas flemmard non plus mais je n'ai pas senti la joie des autres jours. J'espère que ça ira mieux demain.

    Cette nuit, gros vrai dodo dans un gîte 3 épis... le luxe avant la dernière étape : un peu moins de 40km normalement. Même si je me dis que j'ai hâte d'arriver, je voudrais que ça continue, et suis déjà nostalgique de tous les bons moments passés cette semaine. La vie de gitan, ça me convient !!!

       Vendredi 12 septembre

40km

    Petit déjeuner bien complet après une vraie nuit bien appréciée. Je mange tout ce qu'on me propose : gâteau et yaourt maison, pain, chocolat... sachant qu'une dure journée nous attend.

Puis je vais voir Iroy qui somnole au paddock. Je saurai plus tard qu'il vient d'avaler 2 litres de granulés que le directeur lui a donnés. C'est beaucoup pour lui, surtout qu'il en a eu autant la veille en vue de l'effort d'aujourd'hui, et qu'on part dans 1/2H. Tant pis, 40km nous attendent et je ne peux me permettre de le laisser digérer tranquillement. Pendant que je le harnache, il est aussi agité que les autres jours ; ça me rassure !!!

    Départ 9H30 ; il fait frais, le ciel est magnifique. La dernière journée de l'aventure s'annonce splendide. Alors que les premiers jours, je stressais tout le temps à l'idée de ne pas arriver à l'étape le soir, aujourd'hui je suis décidée à prendre mon temps et à profiter pleinement de ce qui nous arrive.

Quessoy, un endroit SUBLIME !!!

Aux côtés d'Iroy, j'ai les larmes aux yeux de penser à cette "fin" tout en ayant en tête l'arrivée à Plouguenast. La matinée est la plus belle depuis le début de la semaine. Vers 11H, il commence à faire chaud mais on sillonne des sentiers magnifiques à l'ombre des bois... Énormément de trot et quelques bons galops dans la forêt de feuillus de Quessoy, petit village dont je suis tombée amoureuse !!! Avant la forêt de pins aux odeurs vivifiantes...

     

Des supers forêts, et des supers manoirs...    

 

12H30 : la préoccupation du moment est de trouver de l'eau pour Iroy. Cela fait 3H qu'on est en route ; les chemins sont excellents, on avance bien mais Iroy transpire pour la première fois de la semaine ; en plus de ça, il a refusé de boire toute la nuit l'eau jaunâtre du centre équestre que les chevaux "locaux" acceptaient. 5kg de foin et 4 de granulés sans une goutte d'eau ; je m'inquiète beaucoup.

Vers 14H, toujours sans eau, on s'arrête pique niquer au pied de ruines et sur une aire de 200m² avec de l'herbe très appétissante ; Iroy est en liberté, il ne peut sortir que par un côté mais n'y pense même pas vu ce qui se présente à lui ! Longue pause ; au bout d'une heure de broute pour lui, et un repas et une sieste pour moi, nous voilà repartis, à pied jusqu'au premier point d'eau que l'ont trouvera.

Le roi Iroy sous les ruines de Moncontour...

En route, on croise un gentil fermier qui nous interroge sur notre aventure et nous indique où aller pour trouver à boire. On frappe ; une gentille dame offre 3 seaux d'eau à Iroy. Il repart comme neuf, en laissant, comme souvenir, un beau crottin devant le garage de la dame...

    L'après midi s'annonce "goudronneuse" : pour alléger la journée prévue initialement à 50km, j'ai décidé de couper par les petites routes. On ne croise personne mais ça reste du goudron, on avance moins vite que ce matin et les bas côtés sont peu nombreux alors les fers usent à grande vitesse ! Iroy est toujours aussi allant, il sent que quelque chose se prépare !

Une très jolie ferme à quelques pas de Plouguenast  

Iroy à Plouguenast !

Les premières foulées dans Plouguenast sont riches en émotion ; 18H un vendredi soir, les rues sont désertes mais cette ville a été un but pendant un an, et plus particulièrement cette semaine...

Tout le monde ici est au courant de la randonnée de demain et notre convoi est remarqué partout où il passe... On croise d'ailleurs une des organisatrices de l'Equibreizh qui nous indique un beau petit chemin pour rejoindre le dernier gîte. Dans ce chemin, après 40km et 8H de travail, je me laisse surprendre par Iroy qui, lorsque je l'invite à prendre le trot, part dans un galop effréné. Je mets plusieurs secondes avant de l'arrêter, le laissant tout de même exprimer sa joie dans cette longue montée ; il a vraiment senti qu'on était proches de l'arrivée...

        C'est à pied, et sous les applaudissements de 3 cavaliers du lendemain déjà là, qu'on arrive au gîte. Iroy est installé dans une parcelle d'un grand champ plein d'herbe. Ni foin, ni granulés, il retrouve enfin son vrai régime alimentaire et se régale avec de la belle herbe, et vue sur des nouveaux copains.

    Moi je m'installe tranquillement et fais connaissance avec la vingtaine de randonneurs arrivés la veille du grand rassemblement ; après un p'tit détour au bar de Plouguenast, on profite tous d'un très bon repas servi pour une grande tablée au gîte... On mange et raconte nos aventures avant l'extinction des feux à 22H30. Dans ma tête, l'aventure est terminée ; maintenant j'ai hâte à demain, tout en sachant que la vraie vie recommence doucement.

        Samedi 13 septembre

37km

    Dure nuit malgré la fatigue de la veille. On est 7 à dormir dans le grenier d'une grange rénovée ; sous mon léger duvet, j'ai froid et fais le régal des moustiques. Il parait qu'ils sont peu nourris, là ils se sont vengés sur nous tous... Aïe Aïe Aïe, ça gratouille...

Heureusement qu'on a le droit à un très bon petit déjeuner...

En premier plan : Iroy dans le lever de soleil. A l'arrière, les chevaux qui ont passé la nuit avec lui, dont un petit Haflinger !

                                                                 

    Iroy a l'air en pleine forme. Une fois de plus, je le sors du paddock et lui pose sur le dos tous nos accessoires ; cette fois, il sent bien que c'est différent. Ca devient dur de le seller dans le calme... Les copains sont tous aussi excités que lui...

3km nous séparent du site d'accueil de l'Equibreizh ; on fait cette mise en jambe avec deux randonneurs rencontrés la veille ; je sens Iroy très nerveux : il trottine tout le temps, chose qu'il ne fait jamais d'habitude.

C'est flou mais en vrai c'était TROP beau ! Seulement faire une photo sur un Iroy qui a la bougeotte c'est pas évident !

    A 9H30, nous voilà arrivés sur le site ; les cavaliers partent tranquillement par petits groupes pendant qu'un ballet incessant de vans et bétaillères excite Iroy qui a du mal à rester immobile alors que j'essaie de charger dans les fontes les accessoires reçus à l'engagement : un plan de l'itinéraire, quelques infos sur Plouguenast, nos tickets repas, une plaque souvenir et des granulés pour le midi.

    Vers 10H, Virginie (l'ancienne propriétaire d'Iroy devenue une bonne amie) arrive, accompagnée de deux randonneurs chevronnés : Michel et Alain. A 10H30, voilà notre petit groupe en route accompagné d'Arthur, Candie, Désir et mon fidèle Iroy qui est très très chaud ! On a laissé les gros bagages dans la voiture de Michel, il a juste les fontes sur le dos ; peut être pense t'il qu'on part pour une promenade de santé...

Les premiers galops sont très rapides et Iroy devient fou quand il voit ses copains loin devant lui et à fond dans une ligne droite de plusieurs centaines de mètres... Au moment où je reprends le contrôle, un poney arrive par derrière et tente de nous doubler. Je râle ; désolé, cher cavalier, mais les chevaux restent équins et malgré toutes les gentillesses que je lui fais, Iroy préfère partir plein pot galop avec un pot, s'il en a la possibilité... Quand à moi, je tiens à ma vie ! A ce moment là, je lâche mon groupe, testant toutes les méthodes pour calmer Iroy ; mais je le connais et je sais que les grands galops à fond sont les seuls trucs à ne pas faire avec lui... Dommage ! Iroy continue de trottiner tout le temps et dès que je le retiens, il se cabre. Je me demande ce que font ces gens là en randonnée, me dis que la rando en solitaire c'est le pied ; et surtout, je regrette énormément que le fabuleux périple pendant lequel Iroy m'a donné tout ce qu'il avait se termine en conflit. Je lâche tout le monde, laisse Iroy 10mn au pas ; il se calme (un peu...), rallonge son pas en tendant son dos plutôt que de trottiner tout le temps. 

Puis, on rattrape les autres au petit trot. Quelques minutes plus tard, Alain, qui veut avancer plus vite , nous lâche. Enfin je retrouve mon vrai Iroy, plus calme en compagnie d'Arthur qu'il connait bien, et de Candie, une gentille jument ; on rejoint la pause casse croûte au trot et petit galop, Iroy en tête, rênes longues ; tout baigne ! Après 2H30 de "balade" dont seulement 1H de contrôle, Iroy reste sagement à l'attache avec ses trois copains pendant qu'on mange avec plaisir autour de l'étang. 

Arthur à l'attache du midi ; à côté c'est Iroy... Et dessous et dans l'ordre : Iroy, moi, Arthur et Virginie juste avant le départ pour l'après midi !

    Une p'tite roulade, de l'herbe, de l'eau, un coup de brosse et une bonne heure plus tard, nous voilà repartis tous les 4. La pause a fait du bien à tout le monde. Enfin Iroy a compris le jeu ; il est volontaire sans excès ; les 2H de l'après midi sont magiques. Chemins somptueux entre bois et rivières, on ne croise aucun autre groupe de cavaliers sauf à la rivière : pause rafraîchissante pour chevaux et cavaliers : les chevaux grattent dans tous les sens ; Désir fait mine de se rouler. J'asperge Iroy de partout à l'aide d'une bouteille d'eau. Les cavaliers se voient offrir un verre de jus d'orange surprise...

 

Encore des photos floues (Michel était sur Candie qui bougeait...) mais ça reflète la bonne humeur des poneys...

Des gens observent les groupes de chevaux passer sur le bord du peu de routes que nous croisons ; tout va tellement vite qu'on n'en profite pas assez. Enfin, ce moment tant attendu... 

On fait même quelques courses sous contrôle avec Désir, le grand cheval noir d'Alain. Iroy épate tout le monde, moi la première, par sa forme et son pas qui lui permet de semer tout le monde, après 200km de rando... Même au galop il distance Candie et arrive à égaler Désir !!! Sacré petit bout de poney qui s'est fait bien remarqué durant toute la semaine...

De gauche à droite : Alain et Désir ; Iroy un peu effacé ; Candie et Michel ; Arthur et Virginie... à la rivière finale !

La rando se termine malheureusement. 

En remerciement, les chevaux ont le droit à leurs granulés et une bonne douche à la bouteille dans la rivière avant d'êtres attachés en ligne sur le site. 

Pendant que nous mangeons en musique de bonnes grillades, ils se reposent sous le regard de tas d'enfants... 

On a quand même parcouru presque 40km en moins de 4h... Un bon rythme !!!

   

Iroy et Désir à la ligne d'attache (il n'a pas déteint : c'est la douche !)

    A défaut de gagner à la loterie, Iroy sera remercié de cette aventure par un sac de granulés offert "au cheval ayant parcouru le plus de kilomètres à pied pour venir". Gentiment, la personne qui me le remet me demande où je vais trouver à l'attacher sur Iroy... Non non, le retour se fait en van ; l'aventure était déjà tellement extraordinaire... Et je ne suis pas sûre qu'Iroy accepte de porter 25kg de nourriture en plus sur son dos !

20H30 : Iroy monte sans problème dans le van. Journée de rando pas ordinaire.

MERCI Plouguenast : organisation excellente, paysages superbes... on reviendra !!

21H30 : Iroy retrouve Mimi. Pas de grosses joies. Le retour a été bien plus rapide que l'aller... mais quelle semaine !!! Un petit hennissement avant que je ferme la porte de la voiture. Je suis crevée, on va vite retrouver la maison... 

MERCI IROY

        Dimanche 14 septembre

    Ca fait drôle de se réveiller sans avoir en tête le chemin à parcourir... Dur dur de retrouver la vraie vie. Repos pour Iroy aujourd'hui : de l'herbe, et sa chérie...

Dur dur de faire une photo de la Star qui se transforme en pot de colle !!!

A droite, Mimi me raconte ses malheurs pendant que l'estomac sur pattes se rempli au loin...

Je ne sais pas ce qu'il a pensé de ce périple, mais moi je n'ai qu'une idée en tête...

Résumé l'année prochaine !

La narration des journées de rando est extraite du cahier sur lequel je notais,

 chaque jour, mes réactions à chaud...